Marie Ochka, artiste feutrière, cultive entre les épines de la vie (et parfois de son jardin aussi) de la laine et des mots...

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mardi 29 avril 2014

De la difficulté d'être gaulée comme une poupée russe


J'ai toujours des myriades d'idées, à l'heure des choix c'est un peu compliqué...


M'en reste deux, que je vais sans doute jouer à pique-nique douille, avant j'aurais mené le tout de front mais je ne fais plus de semaine de 70 heures.

vendredi 25 avril 2014

Ma logique ou mon absurde à toi de voir


Fin 2011, je vous avais présenté, ailleurs, le fameux âne Honyme, j'ai décidé de le déménager ici, aujourd'hui. Pourquoi ? Attendez, je vous explique après tout là-bas, là-bas à la fin du billet.


L'âne Honyme a le poil brouillon et feutré. On le voit arriver de loin avec ses gros sabots. Il porte bien sûr sa croix, c'est le lot de bien des ânes... Il a aussi les oreilles un peu courbées parce que des fois, il aimerait mieux être sourd plutôt que d'entendre ce qui se dit de par le monde, il en est même si excédé qu'on l'entend braire :
- HAAAAAAAAAAAAAAAAAAN qu'on m'arrache les tympans HIIIIIIIIIIIII !
On se demande parfois quelle mouche l'a piqué, lorsqu'il rue du derche, mais on se trompe, ce n'est pas une mouche, c'est une araignée qui pique sa curiosité.
Car, l'âne Honyme a une toile d'araignée, avec habitante, qui danse entre ses deux oreilles. Elle lui tient compagnie, il ne l'a pas su tout de suite... Seulement après, le jour où elle est descendue de sa toile pour se présenter devant ses yeux. L'âne a d'ailleurs crié (il a un peu peur quand même des araignées) :
- HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII d'où, d'où, tuuuu, tu sors toi ?
L'araignée lui a répondu :
- Ben de la toile entre tes deux oreilles.
- HAN ! Tu vis quand même pas là ?
- Oh, non je ne passe que la journée là, le soir je rentre chez moi en passant par ton oreille gauche et je dors dans ta caboche. Je m'y suis aménagé une petite piaule fort sympathique, j'y tricote des chaussettes et de la layette mais ce que je préfère faire c'est valser sur le plafond de ton crâne. 

L'âne avait toujours plus ou moins su qu'il avait une araignée au plafond mais bon, de la voir, ça lui avait quand même fichu un choc. Alors, il a mis le temps, mais il s'est remis de ses émotions et il a rappelé l'araignée :
- Hé ! Gudule (oui, il l'a baptisée comme ça) tu pourrais pas faire un truc pour moi ?
- Ben ça dépend. Quoi ?
- Tisser des fils entre mes idées. Elles m'ont toujours paru un tantinet décousues.
- Oh ben si ce n'est que ça ! J'ai vu tout à l'heure l'idée d'une hallebarde et j'ai croisé miséricorde, je m'en vais te les coudre et même te les faire rimer !
Impossible ? Voyez plutôt :
Ah misère ! cria le barde
J'ai cassé la corde
De ma harpe. Quelle barbe !
Me reste mon hallebarde
Oh miséricorde !
Aucun son n'en sort
Je me fiche dehors. 
A chaque fois que l'araignée tricote un fil entre deux idées, l'âne honyme rue du derche et clame des genre de poèmes à qui ne veut pas les entendre.
Voilà pourquoi, ce matin en me souvenant de l'âne Honyme, je me suis dit que cet animal, capable de faire rimer hallebarde et miséricorde, gagnerait à devenir un blairOchka, parce que bon, il a beau avoir le poil feutré Honyme, moi ce que je préfère, c'est feutrer des blaireaux.
Lui faire un bonnet d'âne ? D'accord, ça je veux bien !
Tout ça pour vous dire qu'il y a une certaine suite dans mes idées et même, oui, une vraie logique, mais y'a que moi qui la voit ;)

Bon c'est pas tout ça, mais je suis censée être en vacances, encore trois jours à tenir loin de mes aiguilles, je pensais pas que c'était si dur de s'arrêter toute une semaine ;) Oh, mais je vais y arriver... Si, si !
Houst, courage, hamac, vieil exemplaire d'un livre qui ne manque pas de nerfs, dégoté à Mons hier. Je devrais réussir à oublier mes petites laines et mes mots. Mes mots-laines. La molène fleurira-t-elle au jardin cette année ?

vendredi 18 avril 2014

Quelle histoire !


Un blairOchka : Je crois que la feutrière à l'intention de nous servir en salade...
Un autre blairOchka un tantinet inquiet : Tu crois qu'elle va bien nous assaisonner ?


Pour la petite histoire, un jour extraordinaire puisque j'avais l'imaginaire en berne (ça ne m'arrive jamais de perdre l'imagination, c'est dire si ce jour là sortait de l'ordinaire), je me baladais comme un âne en peine (j'avais perdu mes billes), rue des anges à Valenciennes lorsque tout à coup, je l'ai vu, il était là, rouillé, percé, en un mot sublime*, trônant près d'une poubelle : le panier à saladessssssss que tu peux voir sur la photo !
Si c'est pas dingue ça !
*N'est beau, vraiment, je veux dire, que ce qui a été marqué par la vie mais a tenu le choc des aléas. Et quand les titans jouent aux dés, ils te fichent parfois des pâtés qui te laisse broyé façon rillettes. D'ailleurs, rencontrer quelqu'un qui est beau comme des rillettes (gras, juste ce qu'il faut pour que ça glisse sur lui, et bon) c'est super rare en fait ;)


mercredi 16 avril 2014

Réunion, secrétaire, blairochka, auteur, questionnement


Hier, j'étais assise à mon secrétaire, devenu tout à coup le bureau des réclamations. Il en avait assez de ne servir que pour de la paperasserie. Il voulait une promotion, redevenir l'outil où s'élève des chimères. J'ai négocié (et ce ne fut pas facile, il est en chêne, s'est dire s'il a la tête dure !) consentant tout au plus à pondre des choses farfelues, il a chipoté et nous sommes arrivés à un accord : nous allons couver l'univers blairochkaïen, moi dans mon crâne, lui dans son sein.


J'étais donc là, à regarder quelques exemplaires de la bête, posés sur mon secrétaire, mesurant ses atouts :
- rondouillard et graphique, c'est un plaisir de le feutrer.
- faussement imbécile, c'est un plaisir de le fiche dans des situations absurdes, si lui reste égal à lui même et s'en sort assez finement tout de même, j'en sors grandie (bon d'accord ce n'est pas difficile puisque ma hauteur, c'est le ras des pâquerettes, certes, certes) et souriante, attendrie aussi, l'animal, c'est indéniable, est drôle et attachant.

Je mâchonnais mon crayon en me demandant si je pouvais inventer un blairOchka qui s'appellerait Lewis et habiterait au 501 rue des Djinns à DENIM. Mon petit doigt, que j'interrogeais à ce propos, refusait de me répondre, j'ai menacé de le plonger tout entier dans l'encrier, pour le sortir enfin de son mutisme, parce que les petits doigts c'est censé causer, les miens sont muets, c'est agaçant à la fin. Et puis, je me suis calmée, réalisant que l'ayant écrit, je l'avais donc déjà inventé. Bon maintenant me reste à le feutrer le bougre !

Lewis BlairOchka
501, rue des Djinns 
à DENIM
Oui, j'ai hésité avec Denain. Pour l'heure, je sèche un peu sur le code postal : je sors en effet de la baignoire et je couve le courrier.

mardi 15 avril 2014

C'est grave docteur ?


Alors la réponse est : "Oui et c'est une bonne chose" !

FredO, en rentrant du boulot, était content de trouver ma boite à blairOchkas sur la table et de voir, je cite : " Oh ! plein de blairOchkas partout !"
Oui, nous sommes atteints de blairochkaïte aiguë et non, nous n'avons pas la moindre intention de nous soigner.
Je vais même tenter d'inoculer le virus pendant les semaines qui viennent (par voie intranetteuse), en espérant qu'on s'pâme de rire (virus, spam, oui, c'est le grand retour des jeux de mots foireux).
Et voici donc une vieille photo, en attendant d'en prendre de nouvelles où je vous expliquerai (ou pas) pourquoi l'animal aime squatter la cuisine...


De quoi meubler ici ou , le temps que je fignole mon projet caisse château du glana gland (voir billet précédent, ou pas : ici suivre n'est pas le but premier ou alors tu t'es gouré de blog). D'ailleurs à propos de gland, je viens de découvrir qu'il existait un livre jeunesse qui s'intitule "les aventures d'Alexandre le gland", il va sans dire qu'il faut ABSOLUMEMT que je le lise ! Parce que, je sais pas si tu te rappelles (c'est pas obligatoire puisqu'il y a pas besoin de suivre), j'aime les histoires de glands (mais va pas t'imaginer que je dis ça parce que c'est le printemps) ET les jeux de mots foireux aussi. 


BlairOchkas, deux, jouant à faire le gland, donc.

vendredi 11 avril 2014

Manque de générosité. Ah, ben, c'est engageant comme titre !


Voici, par le petit bout de la lorgnette, un p'tit morceau du projet sur lequel je bosse... Sur mon planning, c'est indiqué jusqu'au 21 juin... Mais comme je suis sorcière vaudou certes mais pas devin, ni astrologue, même si je peux dire la bonne aventure des personnages que j'invente, certes, certes...

Alors que puis je vous dire ? Eh, bien que le blairOchka presque deux fois plus grand que d'ordinaire s'appelle Isidore, quant à savoir ce qu'il regarde comme ça, ça... Je ne te dis pas. Non, non, n'insiste pas.


Pour le bonhomme "articulé", ça, c'est un défi que je me suis lancé, mais moins grand que celui de coudre un costume en lin recyclé pour l'habiller... Diantre, je préfère en découdre qu'en coudre, c'est moi qui te le dis ! Du lin, hein ? Ne va pas mal interpréter ce que je te dis, parce que chacun sait que la vie est un fleuve et que j'ai troqué ma galère pour une barque, faut être réaliste, j'avais beau m'obstiner à vouloir jouer les galériennes, j'étais pas gaulée pour ça. Il faut savoir raison garder, même quand on est fêlée. Non, j'ai pas l'intention de mettre les voiles, je suis bien dans la laine. J'y reste, non mais !

Ils sont placés dans une caisse en bois, grand format, du Saint Julien, rien que ça, juste récupérée hélas. C'est quand même le seul saint auquel je me vouerais volontiers plus souvent. Alors, c'est du château du glana (connais pas), rebaptisé château du gland, parce que c'est quand même plus marrant. Non ? Ah, bon.
Les livres ? Je sais, j'ai pas regardé les titres, non, je les achète au kilo, pour l'odeur du vieux papier...

jeudi 3 avril 2014

Regarder du bout de mes doigts... se tisser les liens de laine


Je regarde chaque jour ou presque la laine du bout de mes doigts. Je la sens avec lenteur prendre corps, ignorant la forme en devenir pourtant...
Hier, j'ai vu son visage, pour la première fois, j'ai tout de suite été charmée par son p'tit air ahuri, tout étonné d'être là... Né de l'encre de mes mots, laiteux comme la page blanche pourtant... Est-il possible qu'il soit sorti de l'encrier, après avoir voyagé à dos de mouton(s) dans des contrées que je n'ai même jamais visitées ?

Il ne connait de cette vie que mes doigts, auxquels il s'accroche comme à une racine, sa racine, ses racines...

Il se tisse parfois entre ce que je feutre et moi un fil étrange et impalpable qui est pourtant bien là.
Hier, je l'ai regardé longtemps dans ses yeux ronds.
Apaisée, étonnée en retour. C'est moi qui ai fait ça ? Oui, ça m'émerveille à chaque fois, c'est comme ça...
Petit à petit, je me suis demandée pourquoi ses pattes étaient ainsi assemblées. Il ne faut pas croire, je ne connais pas toujours la raison, il n'y a jamais aucun calcul, aucune préméditation...
Il était là, assis sur ma main  avec cet air prostré. Je l'ai posé sur ma valise, sur une bobine de fil, sur le rebord d'un vieux pot de confiture vide... J'ai compris ce matin, lorsque je me suis demandé comment j'allais vous le présenter que c'est sur cette branche là, fleurie de rouge qu'il voulait s'accrocher... 
Alors, voilà :



Et puis, je l'aime mais vous l'aviez deviné, n'est-ce pas ?

mercredi 2 avril 2014

Je me souviens...

... de ces temps proches mais si lointains où j'imaginais que mes rêves pouvaient avoir une prise sur la réalité, je me souviens et je regarde mes mains.
Fin 2009, ce n'est pas si loin tu vois, j'ai connu la césure, puis le fracas, ce n'était pas la première fois, mais ce fut la pire.
J'ai abandonné bien des choses en bas, tout en bas de moi, dans ce gouffre aux vertiges de l'angoisse.
J'ai enterré l'idée du rêve, mettant des mois à scinder la chose :  l'imaginaire en bas, le réel en haut.
J'ai dressé une frontière, planté des barrières.
J'ai fermé à clef, posté un gardien à l'entrée.
Tout au fond de moi, j'ai ancré ma faculté à rêver, je la croyais morte alors, c'est ce que j'avais de plus vif en moi ! Je ne le savais même pas. Elle ne me quittera jamais... Je le sais, désormais et c'est un peu comme vivre avec une laideur cachée, j'en connais le prix à payer, j'en connais le poids, petite j'étais laide à me faire tirer les cheveux, puis mon enveloppe a changé le regard des autres pour ma surface aussi et j'ai compris l'importance des apparences et le si peu et le si rare attrait pour le fond, le tréfonds des êtres et même des choses.

Et puis est venue la laine, elle adoucit le cours de ma vie, peut-être change-t-elle aussi un peu le regard des autres sur la surface des choses que je crée, je ne sais.

J'avais en moi, depuis toujours, niché dans les tréfonds de mon âme, un monde imaginaire qui n'avait aucun écho, aucune prise sur le réel. Mes mains, pourtant, donnent corps parfois et rendent palpable une de ces choses qui ne pouvaient naitre que là-bas, tout au fond, dans ce pays sans lumière où l'on avance qu'à tâtons.
Je crée un no man's land, un trait d'union, une chose qui n'existe que sous mes doigts. Et lorsque je vois une de ces choses pour la première fois, je ne sais ce qu'un aveugle de naissance qui recouvrerait la vue ressentirait mais j'imagine que c'est un peu ce qui m'arrive presqu'à chaque fois qu'une pièce, qui revient de ce loin là, se révèle sous mes doigts, qu'elle acquiert cette consistance étrange et palpable. Avant, je me serais demandé comment, pour qui, pourquoi je crée, aujourd'hui je crée juste pour créer, pour donner corps à ce que j'ignore le plus souvent.
C'est un peu comme si, un soir de printemps, tu découvrais des morilles dans ton jardin alors qu'au grand jamais, tu n'aurais pu t'imaginer qu'il en pousserait là et pourtant...


Et il y avait bien là toute une fricassée :


Bon, c'est pas tout ça, mais j'ai une chimère qui attend les ailes épinglées de venir lentement, si lentement au monde...

.... et les chimères qui font souvent si peur me semblent avoir pourtant la douceur des temps qu'il reste à inventer.