Ses habits de laines l'empêchant désormais de se caler correctement sur son arbre, j'ai posé le berger dans un boitage réalisé pour habiller un trou dans le mur de mon atelier.
J'étais aiguille ballante devant ma table à ouvrage... m'interrogeant sur les cheveux, la besace et le chapeau... je séchais, pas moyen de donner la bonne tournure aux cheveux...
Un problème ? Non, généralement c'est là qu'une étincelle met le feu aux poudres de mon idée première pour laisser la créativité s'exprimer librement, un moment étrange et magique qui dure peu mais qui me surprend à chaque fois.
Je réalise alors que je joue tout au plus les sémaphores : j'avais décidé de n'employer que des laines naturelles... Mes mains ont été irrésistiblement attirées par un gris bleuté... Je sais que dans ces cas-là, il est inutile de résister, je me suis exécutée (je suis docile si je veux et j'ai une confiance aveugle en mes mains, je les suis donc volontiers) : c'est ainsi qu'est née la première mèche de cette chevelure qui se passera de chapeau !
Recouvrant ensuite mon esprit de décision, j'ai confectionné la tignasse en entier. Oh, ce n'est pas ainsi que je l'avais imaginée : j'ai perdu le contrôle avant de rattraper le cours des choses en m'adaptant.
Je vous présente le pâtre des nuages (c'est effectivement un berger de cumulus auquel je travaillais, mais sa chevelure n'avait pas, dans mon esprit, la couleur d'un joli ciel du Nord).
Une idée qui viendrait du cœur à l'ouvrage ? Qui sait ? Pas moi, je ne me connais pas assez intimement en matière de création, pour l'assurer, eh non ! J'ai retrouvé là, le même mouvement qui m'a fait aller vers la laine...
Bon, me reste à finir de passer l'aiguille fine de-ci de-là et l'ultra-fine par-ci, par-là.